EN PASSANT PAR PERONNE

Péronne, sous-préfecture du Département de la Somme, dans la Région des Hauts-de-France, possède le charme de son histoire.

En bref

Incendiée, pillée lors des incursions des Vikings, gravement endommagée lors du siège des Espagnols, dévastée par les Allemands en 1870, totalement détruite en 1917 durant la Première Guerre mondiale, bombardée et incendiée en mai 1940 par l'aviation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, Péronne porte en son blason deux Croix de guerre.

Origines

Haut Moyen Âge

Période mérovingienne

Située sur une colline, presque totalement entourée par le fleuve Somme et ses étangs naturels, Péronne existe très probablement dès l'époque mérovingienne sous forme d'un castrum, protégé par une simple palissade de bois.

La première mention de Péronne en tant que ville royale Perunna Urbem Regiam est relevée au VIe siècle, dans un texte de Venance Fortunat, biographe de la reine Radegonde.

Radegonde, princesse thuringienne, fut faite prisonnière avec son frère Hermanfield par Thierry Ier, roi de Metz et Clotaire Ier, roi de Soissons. Le tirage au sort en fit la prisonnière de Clotaire VIII. Elle fut conduite à la villa royale d'Athies, près de Péronne, dans le Vermandois. Clotaire décida d'épouser Radegonde. Celle-ci aurait tenté de s'enfuir, mais fut rattrapée dans les alentours de Péronne? en un lieu nommé depuis Sainte-Radegonde. On pense que l'extension de Péronne en tant que ville est liée à la présence à proximité de cette reine. Le culte de sainte Radegonde fut célébré à Péronne et dans les environs.

Période carolingienne

Aux alentours de l'an 890, le très riche et très étendu comté de Vermandois, offert par le roi des Francs à Herbert Ier, arrière-arrière-petit-fils de Charlemagne, voit le jour. Ce comté est l'un des plus grands à l'époque : il comprend notamment les villes de Saint-Quentin, Le Catelet, Saint-Simon, Ham, Péronne et Vermand, dont il tire son nom. Cette époque est celle des invasions des Vikings, conquérants venus de Scandinavie et qui suivent les côtes maritimes, avant de remonter les fleuves pour dévaster un territoire. Péronne, avec sa situation particulière au cœur du fleuve Somme, va être pillée en bonne et due forme. Pour la défendre, Herbert Ier dote alors la ville de sa première vraie fortification en grès, dont l'emplacement est encore visible aujourd'hui en son centre.

Du Xe siècle, Péronne garde en mémoire deux personnages importants de l'histoire de France : Herbert II, fils de Herbert Ier, et l'un des deux plus puissants vassaux du roi des Francs ; et son roi et cousin Charles III, dit le Simple. Herbert II sait que Charles III est à l'origine de l'assassinat de son père. Lorsque ce dernier vient à Péronne chercher son soutien, il le fait prisonnier et l'enferme dans une tour du premier castrum. Charles III reste captif à Péronne jusqu'à sa mort en 929. Il est enterré dans la collégiale Saint-Fursy jusqu'à la destruction du bâtiment, juste après la Révolution.

Moyen Âge central

Pendant tout le Moyen Âge, Péronne est une ville de passage pour les voyageurs et commerçants de la Route des Flandres, et pour les pèlerins de la via Francigena (route reliant Cantorbéry en Angleterre à Rome en Italie). D'importants centres religieux se forment : collégiale Saint-Fursy, couvent des Minimes, couvent des Clarisses, etc. Ils permettent à la ville de développer ses activités commerciales.

Le traité de Péronne de 1200 est signé entre Philippe Auguste et Baudoin IX, comte de Flandre et de Hainaut, qui se reconnaît vassal du roi de France. 

Philippe Auguste confirme nombre d'anciennes coutumes dans la charte de Péronne de 1209. En 2009, la ville a célébré par une grande fête médiévale les 800 ans de cette charte de Philippe Auguste.

C'est à Philippe-Auguste également que l'on doit la construction du château fort vers 1204.

 Bas Moyen Âge

La seconde moitié du XVe siècle est marquée par les conflits, opposant le roi de France Louis XI au puissant duc de Bourgogne Charles le Téméraire, souverain de fait de l'État bourguignon. Châtellenie appartenant au duc de Bourgogne depuis 1418, Péronne fait partie des villes de la Somme (Péronne donc, mais aussi Saint-Quentin, Corbie, Amiens, Doullens, Abbeville, Montreuil, Rue, Saint-Valery, Le Crotoy, Saint-Riquier, Roye, Montdidier, auxquelles il faut ajouter Crèvecœur-en-Cambrésis et Mortagne qui, elles, ne sont pas à proximité de la Somme) que se disputèrent, de 1463 à 1477, Louis XI et Charles le Téméraire.

L'entrevue de Péronne entre Louis XI et Charles le Téméraire

À l'automne 1468, les émissaires du roi arrangent une entrevue avec le Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, son cousin, pour convenir des conditions d'un traité de paix entre les deux puissances (France, État bourguignon). La rencontre se fait à Péronne (« quartier général » bourguignon du moment) où Louis XI arrive le 9 octobre accompagné d'une petite centaine d'hommes (principalement des archers de sa garde écossaise). Mais il commet l'« erreur » (le mot est de Commynes) de susciter dans le même temps, via ses agents, une révolte à Liège, qui est alors une seigneurie de fait du duc de Bourgogne et qui lui est indispensable puisqu'elle permet l'unification des « pays de par-deça » (ou Pays-Bas bourguignons) en un seul bloc géographique. Quand il apprend la nouvelle et la part que le roi de France y a pris, Bourgogne est saisi de colère devant la duplicité de celui qu'il accueille. Il fait fermer les portes du château de Péronne où séjourne Louis XI, et les portes de la ville elle-même. Voilà le roi pris au piège et à la merci de son bouillant cousin. En danger de mort, Louis XI se voit contraint de signer l'humiliant traité de Péronne et d'accompagner Charles le Téméraire dans son expédition punitive contre Liège, pour y mater une rébellion que le roi avait lui-même encouragée en sous-main.

Époque moderne

Le siège de 1536

En 1536, Henri III de Nassau-Breda commandant l'armée de Charles Quint, assiège la ville du 14 août au 11 septembre.

Malgré d'incessants bombardements et plusieurs assauts, la ville tient bon. Cet épisode glorieux de son histoire vaut à Péronne plusieurs privilèges de la part du roi François Ier, notamment celui de porter un « P » couronné sur son blason. Du siège de 1536 est née l'héroïne péronnaise Marie Fouré ou Catherine de Poix dont les actions et l'existence même, sont encore aujourd'hui débattues par les historiens locaux.

Pendant plusieurs siècles, Péronne est intimement liée à l'Histoire de France en tant que ville frontière sur la Somme, et donc place stratégique pour les monarques.

En 1656, Louis XIV remercie les Péronnais pour leur soutien durant la Fronde en leur offrant leur devise Urbs Nescia Vinci, qui apparaît pour la première fois sur des jetons frappés en or, en bronze et en argent, sur ordre du roi, par la Monnaie de Paris.

Époque contemporaine

La Révolution française à Péronne

En 1789, le bailliage de Péronne est le lieu d’élection des députés aux états généraux. Jean-Sifrein Maury abbé du prieuré de Lihons-en-Santerre est élu député du clergé, il devient l'un des chefs de file des adversaires de la Révolution. Le 4 avril 1793, après la défection du général Dumouriez, la Convention nationale ordonne de rassembler à Péronne les éléments de l'Armée du Nord désorganisée. 

Le XIXe siècle à Péronne

La gare de Péronne - Flamicourt, sur la ligne de Saint-Just-en-Chaussée à Douai, ouverte en 1873.

Le 26 juin 1815, à la fin de l'épopée napoléonienne, après une timide résistance, la garnison de Péronne se rend au général Wellington. Quelques jours plus tard, Louis XVIII et le tsar Alexandre Ier traversent la ville pour se rendre à Paris.

Pendant la guerre franco-allemande de 1870, du 28 décembre 1870 au 8 janvier 1871, l'armée prussienne assiège Péronne. La ville, ayant subi un bombardement incessant, capitule le 9 janvier 1871 : plus de 600 immeubles sont détruits ou endommagés.

1873 est l'année d'arrivée du chemin de fer à Péronne (ligne de Saint-Just-en-Chaussée à Douai, perrmettant les liaisons avec Paris), avec la création de la gare de Péronne - Flamicourt, qui a fermé en 1970. Le nœud ferroviaire est renforcé avec la mise en service en 1889, de la ligne de chemin de fer secondaire à voie métrique d'Albert à Ham des chemins de fer départementaux de la Somme.

Péronne au XXe siècle

Raymond Poincaré, Président de la République, en visite à Péronne remet à la ville la croix de la Légion d'honneur, le 12 juillet 1914, en reconnaissance des pertes subies au cours du siège de 1870-1871.

Première Gierre mondiale

Un peu plus d'un mois plus tard, le 28 août 1914, les Allemands investissent Péronne qu'ils sont forcés d'abandonner le 15 septembre après la bataille de la Marne. Ils la réoccupent à nouveau le 23 septembre et la conservent jusqu'en mars 1917, après le repli allemand sur la ligne Hindenburg. La ville est réoccupée par les Allemands de mars à août 1918. En 1918, la ville est anéantie. Le peintre François Flameng a fait de nombreux croquis et tableaux de la ville pendant la Grande Guerre. La ville est considérée comme détruite à la fin de la guerre et a été décorée de la Croix de guerre 1914-1918, le 24 août 1919. 

Seconde Guerre mondiale

Le 17 mai 1940, lors de la Bataille de France, la ville est bombardée par l'aviation allemande. De nombreuses maisons du centre ville sont incendiées. La ville est évacuée peu après. Elle est libérée le 1er septembre 1944 par l'armée américaine. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 36 % des immeubles de la ville sont détruits. La ville est décorée de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze le 11 novembre 1948.

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