Expositions de Moret-loing-et Orvanne, samedi 24 octobre avec respectivement, les oeuvres d'INGRID LEBONG et CHANTAL WEIREY, à l'ATELIER le VIVIER et celles de THIERRY CARRIER, au Prieuré de Pont-Loup.
ATELIER LE VIVIER
Odile Filleul, galériste du 12 rue de l'église, recevait ses visiteurs au son de mélodies, échappées de l'orgue de Barbarie, actionné par Robert Gallier. Un vernissage en musique pour admirer les oeuvres des nouveaux artistes exposants :
Ingrid Lebong
"Ingrid LEBONG vit et travaille à Hamburg , dans le land allemand de la Sarre .
Son attrait pour l’eau et notamment la mer, se traduit dans ses travaux par le biais de formes souples et fluides . Avec de grands gestes de va-et-vient calligraphiques , elle laisse des traces de couleurs translucides , en un mouvement que rien ne semble arrêter.
Des lignes de craie , encre ou crayon , plus ou moins fines ainsi que des coulées de peinture stabilisent l’ensemble des formes , en composant des différences d’orientation ou en les reliant à l’arrière plan. Les formes aux bords incurvés créent une sensation de fragilité , d’instabilité , de perpétuel glissement , balancement , renouvellement .
Selon la « grammaire picturale » de Paul KLEE , cette oscillation change les formes en énergie , elle dynamise l’espace intérieur du tableau , intégrant par là-même , un facteur temps."
Chantal Weirey
"Née à Sétif, Chantal WEIREY quitte l’Algérie à 7 ans.
De cette enfance elle gardera des souvenirs très forts. Sa passion pour le dessin l’a conduit à l’Académie Charpentier de Paris (autrefois nommée La Grande Chaumière), puis à l’Ecole nationale supérieure des Arts appliqués et métiers d’Art, dans la section céramique. Diplomée de l’ENSAAMA de Paris, elle sera pendant 4 ans la collaboratrice de Jacques BLIN (Président de la chambre syndicale des céramistes et ateliers d’arts de France).
Puis, elle crée son propre atelier; en sortent des personnages étranges, insolites, aux formes rondes et épurées, proches de monde de l’enfance. Elle enseigne également le dessin. Membre du mouvement Figuration Critique durant de nombreuses années, elle est actuellement sociétaire du Salon d’Automne de Paris, ou elle a présenté 2 expositions personnelles en 2002 et 2000.Elle expose régulièrement dans des galeries et des salons, à Paris, en région, et à l’étranger."
RETRAITE SILENCIEUSE
Au Prieuré de Pont-Loup, 10 rue du peintre Sisley, c'était le peintre Thierry Carrier qui exposait ses oeuvres, jusqu'au dimanche 25 octobre.
"Dans la peinture de Thierry CARRIER, le spectateur découvre des séries de personnages inconnus : un visage inspiré par ses propres traits, ceux de ses enfants ou parfois ceux d’un modèle imaginaire. Dans ses autoportraits, qui n’en sont pas vraiment, l’artiste arbore souvent une chevelure noire, un visage aux traits marqués posé sur un corps statique, figé comme une statue, parfois démultiplié dans des attitudes énigmatiques. Aucun jeu d’ombres ne vient perturber le fond du tableau et les aplats lumineux sont particulièrement soignés.
Quand les visages ne sont pas fermés, ils sont masqués ou voilés pudiquement d’un filtre coloré ou flou. Aucun indice pour indiquer le lieu où se déroule la scène. Le monde est silencieux ! Les modèles se détachent sur un fond neutre dépourvu de décors ou presque. Le peintre y efface toute référence à l’environnement quotidien pour se concentrer sur la physionomie de celui qu’il représente. Les portraits en buste ou en pied, souvent de grande taille sont montrés en contre-plongée, ce qui leur confère une présence forte et une stature imposante.
Un peu à la façon des images du film de Wim Wenders, Les Ailes du désir, que le jeune lycéen Thierry CARRIER se rappelle avoir vu à l’occasion d’une projection dans un ciné-club. Pour l’artiste, il y a « un peu de Wenders » dans sa peinture.
Qui sont ces personnages représentés dans les toiles de Thierry CARRIER ? Ils n’ont pas de nom et ses œuvres ont pour seuls titres des codes ! L’artiste semble n’avoir aucune intention de séduire. La peinture de l’artiste est plus complexe qu’elle n’y paraît. L’homme n’aime pas dire ce qu’il peint ou ce qu’il attend de la peinture, il pense le portrait comme une traduction et non comme une représentation. Le peintre est plus enclin à parler de sa technique qu’il maîtrise parfaitement. Il aime mêler une palette classique à des traces de pinceaux parfois très visibles. Une fois qu’il juge que sa peinture est achevée, il applique un jus pour patiner un peu l’œuvre, la rendre ainsi atemporelle, comme une façon de la rendre un peu plus sacrée.
Devant son œuvre, il est aisé d’énoncer les hypothèses, les références, les lectures, les ressemblances dans l’histoire de l’art ou de convoquer la psychanalyse pour aider le spectateur à mieux la comprendre. Les personnages du peintre affrontent le spectateur dans un face-à-face qui intrigue œuvre après œuvre. Certains regards quand ils ne sont pas masqués ont un caractère quasi clinique et interrogatif, sur le genre humain et créent parfois un malaise qui, paradoxalement, donne tout son intérêt à l’œuvre de Thierry CARRIER."
Vincent RIGAU-JOURJON – Directeur du musée Labenche à Brive