HAPPENING À LA MOTTE TILLY

Article DANDY INTERNATIONAL

présenté par "LES AMIS DU CHÂTEAU DE LA MOTTE-TILLY"

Bonjour à vous toutes et tous,

Notre partenaire, « Valorisation et défense du Patrimoine de La Motte Tilly et du Nogentais » me communique l’article rédigé par l’un de nos membres, Jean-Marie HUBERT, concernant Le château de La Motte Tilly dans le magazine « DANDY INTERNATIONAL » à paraître en décembre. J’ai le privilège de vous transmettre cet article en avent première. Espérant qu’il contribuera à amplifier l’intérêt du plus grand nombre sur notre beau château ! Et dans l’attente de vous retrouver dans ce lieu magnifique. Portez-vous bien, soyez prudent.

Cordialement

Claude Rondoni

HAPPENING A LA MOTTE-TILLY

Sur les pas de Milos Forman et de son Valmont, vivez une expérience immersive dans le siècle des Lumières : témoin vivant du XVIIIème siècle, le château de La Motte Tilly vous ouvre ses portes pour une parenthèse singulière : vivre un moment d’histoire envoûtant en la présence haptonomique de ses occupants, pourtant disparus.

Une magistrale leçon d’histoire et d’élégance avant que les premiers dandys ne se régalent de cette fin de siècle.

Aliette de Rohan-Chabot

C’est grâce à Aliette de Rohan-Chabot, marquise de Maillé, que cette expérience nous est offerte. À 22 ans, elle perd son mari et son frère à la Grande guerre, puis sa fille unique, Claire Clémence, en 1970. Quand elle décède à son tour en 1972, elle lègue son immense fortune et son domaine à la Caisse Nationale des Monuments Historiques (aujourd’hui CMN), pour éviter la dispersion de son patrimoine. Un legs cependant tributaire d’un testament précis : le château devra rester ouvert au public, sans rien changer de ce qui fait son incroyable chaleur et sa grande intimité : son mobilier, ses tableaux, sa vaisselle, les rideaux, draps et tentures, afin que le visiteur vive une expérience immersive dans son histoire. De même les jardiniers devront continuer à entretenir et tailler le magnifique jardin à la française, joyau dans l’écrin d’un parc de 1080 hectares, y couper des fleurs pour garnir les vases des différentes pièces du château, préservant ainsi le ressenti d’un château habité.

Le comte Olivier de Rohan Chabot est l’actuel président de la Fondation pour la Sauvegarde de l’Art Français, fondée par la marquise, qui s’assure de la pérennité du message aux générations futures voulues par cette dernière. Précédé par des guides maîtrisant parfaitement l’époque et chaque détail du château, le visiteur découvre ainsi le bureau de la marquise, ses livres, ses revues, et jusque son stylo plume et son papier… L’encre est-elle sèche ? Signés Harcourt, les cadres exposant les photos de son mari, de son frère Gilbert et de sa fille Claire Clémence, donnent l’impression qu’elle vient de quitter la pièce, et que nous allons la recroiser, tant l’ambiance est prenante et les récits des guides d’une précision saisissante. L’expérience continue dans le boudoir et sa porte dérobée, où l’histoire de celui qui construisit le château, Joseph Marie Terray, s’arrête sur une note grivoise dont un dessin conte les secrets. Puis s’enchaînent les découvertes avec le billard en marqueterie fine, dont les boules et queues en bois précieux semblent arrêtées en plein jeu. Puis le grand salon où les tables de jeu, tric trac, dames et échecs réalisés par les meilleurs ébénistes se répartissent dans une composition étudiée.

Nos guides sont finalement les metteurs en scène d’un spectacle qui nous est donné avec tant de vérité que nous y prenons part. Une forme d’escape game au siècle des Lumières ! L’un d’entre eux, Emmanuel, saura même, par un jeu habile, entraîner les enfants dans des quiz très attrayants. Dans la bibliothèque les magazines de l’époque, négligemment ouverts, tutoient de magnifiques ouvrages de la bibliothèque constituée par le comte Gérard de Rohan-Chabot, père de la Marquise. Enfin, surprise dans la salle à manger : la table est mise et semble attendre les visiteurs ! C’est l’occasion d’admirer les magnifiques porcelaines de Chine et d’apprendre comment étaient servis les repas et les boissons au XVIIIème siècle. Pas de verres à table : chaque convive était servi à la demande dans ceux gardés au frais dans le rafraîchisseur. Et de découvrir les petits coquetiers destinés à la dégustation des œufs de caille, ainsi qu’une étonnante tasse à deux anses dite « trembleuse », réservée à ceux qu’un âge avancé exposait aux petits incidents. Une récente exposition sur l’art de la table au XVIIIème mettait d’ailleurs en scène les repas de cette époque.

Puis on ira dans les cuisines et dans les chambres, et particulièrement celle de la marquise, où la desserte de lit du petit déjeuner attend indéfiniment d’être débarrassée. Précisons tout de même que le mobilier, s’il est XVIIIème, n’est pas celui d’origine, la Révolution française ayant détruit ou dispersé le contenu de quasiment tous les châteaux de France.

C’est le comte Gérard de Rohan Chabot, père de la marquise de Maillé, qui commandita les grands travaux de rénovation et réaménagea l’édifice avec des meubles d’époque, pour certains signés, quand il reprit le château au début du XXème siècle. La bibliothèque enfin, est d’une richesse et d’une diversité incroyables. Des livres anciens avec peintures et dorures à la main, des encyclopédies, des manuscrits et des registres... De nombreux autographes révèlent les amitiés de la famille : Anatole France, Paul Deschanel, le général de Lattre de Tassigny et Charles Maurras – qui avait ses appartements au château...

Dans ce cadre somptueux on éprouve le sentiment troublant de vivre un moment rare, la mise en scène d’un réalisme parfait et les récits passionnants participant à suspendre le temps et faire que l’on ne voit pas passer cette parenthèse temporelle dans le XVIIIème siècle. Heureusement une promenade dans le parc et ses jardins permet, si le temps le permet, de prolonger la magie de l’instant.

Le « Tilletum », une des plus belles collections botaniques de tilleuls, nous y attend, avec pas moins de 77 espèces différentes. Le potager bio a également survécu à la marquise et, le château n’étant plus habité, fait aujourd’hui les beaux jours de la population locale qui se presse à la vente hebdomadaire de fruits et légumes. Si on en a le temps, on profitera de la visite de La Motte Tilly pour visiter également le musée Camille Claudel, le seul au monde, à Nogent Sur Seine ; la terre de la sculpture française, les demeures et ateliers de Marius Ramus, Paul Dubois, Auguste Rodin ou Alfred Boucher.

L’ABBÉ JOSEPH MARIE TERRAY, SEIGNEUR DE LA MOTTE TILLY : DU SIÈCLE DES LUMIÈRES AUX TÉNÈBRES DU TOMBEAU

Joseph Marie Terray fut ministre du Roi Louis XV et contrôleur général des finances. Regardez ce portrait signé Alexander Roslin : le personnage porte fièrement la Croix de Saint Esprit, le plus noble des ordres de chevalerie, créé par Henri III et dont la direction est réservée au roi. Il en fut le greffier. Son costume rappelle celui des ecclésiastiques, qu’il n’est pas en réalité, étant abbé « commanditaire », c’est-à-dire en charge de gérer les riches abbayes et autres biens de l’église. Il tient à la main un billet du roi. Derrière lui le dossier lui confiant sa charge. Le tableau est parfait et le personnage s’impose. Il fut cependant l’un des hommes les plus détestés de son temps, sur le fond à cause de ses réformes et sur la forme car il était odieux. Les caisses du royaume se trouvaient bien vides après le règne du Roi Soleil et du fait du train de vie dispendieux à Versailles.

Joseph Marie obtint rapidement les faveurs du roi en mettant en place de nouveaux impôts, qui n’épargnaient personne dans l’échelle sociale. Les pauvres, pour ne rien changer au système, mais aussi les riches bourgeois, la noblesse, le clergé, et même les militaires ! Il fallait prendre l’argent où il était et tant pis pour la détestation générale qu’il générait. Le dispositif qu’il imagina et mit au point est sans nul doute le fondement de l’actuel impôt sur le revenu et de l’impôt sur la fortune, mais aussi de la réforme des retraites. Quelle actualité !

Il fit construire le château en 1754. Cette villégiature d’été devait permettre de s’évader de la Cour, de prendre le frais à la belle saison et de jouir des plaisirs de la vie. Car Joseph Marie, qui n’avait d’abbé que le nom, était amateur de belles femmes, qu’il invitait ici après les avoir rencontrées à Versailles. Ces relations lui permettaient de diligenter enquêtes et investigations.

Diable : l’abbé avait un côté « Bureau des légendes » ! Les impôts qu’il mit en place lui valurent d’être détesté par tous, et il le fit sans état d’âme. Aux militaires à qui il supprima bon nombre d’avantages, il déclara que l’honneur de servir et de combattre devrait leur suffire. Le roi, à qui il demandait comment il trouvait les noces somptueuses organisées pour le Dauphin, lui répondit « Tout simplement impayables ! ». Et de fait, personne ne fut payé.

La haine généralisée en fit un ennemi public et quand le roi, bien peu reconnaissant de lui avoir rempli les caisses, le congédia, la foule le poursuivit, brûlant son effigie. Il s’enfuit en son château par la Seine, et ne dût son salut qu’à une bourse d’écus d’or jetée du bateau sur la rive. A sa mort il demanda à avoir pour dernière demeure un tombeau signé Félix Lecomte, monument classé qui se trouve dans la petite église du village de La Motte Tilly ; et s’il avait échappé à la guillotine, les révolutionnaires le sortirent de son tombeau pour éparpiller ses restes dans les rues du village. Du siècle des Lumières aux ténèbres du tombeau, c’est ainsi que ce termine cette histoire.

JEAN-MARIE HUBERT

CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY                           MUSÉE CAMILLE CLAUDEL

D 951                                                                        10 rue Gustave Flaubert

10400 - La Motte Tilly                                            10400 - Nogent

http://www.chateau-la-motte-tilly.fr/                   http://www.museecamilleclaudel.fr/

Plein tarif / Full price: 8€ par personne               Plein tarif / Full price:: 7€ par personne

Ouvert tous les jours du mardi au dimanche. Visites guidées toutes les heures.

Open every day from Tuesday to Sunday. Guided tours every hour.

LA MOTTE TILLY’S HAPPENING

LA MOTTE TILLY’S HAPPENING

Jean-Marie Hubert In the footsteps of Milos Forman and his Valmont, live an immersive experience in the Age of Enlightenment: a living witness of the 18th century, the Château de La Motte Tilly opens its doors to you for a singular interlude: to live a bewitching moment of history in the haptonomic presence of its occupants, who have nevertheless disappeared. A masterful lesson in history and elegance before the first dandies enjoy the end of the century.

It is thanks to Aliette de Rohan-Chabot, marquise de Maillé, that this experience is offered to us. At the age of 22, she lost her husband and brother in the Great War, and then her only daughter, Claire Clémence, in 1970. When she in turn died in 1972, she bequeathed her immense fortune and her estate to the Caisse Nationale des Monuments Historiques (now CMN), in order to prevent the dispersal of her heritage. However, this bequest was dependent on a precise will: the castle was to remain open to the public, without changing anything of what makes it so incredibly warm and intimate: its furniture, paintings, crockery, curtains, sheets and hangings, so that visitors can live an immersive experience in its history. Similarly, the gardeners will have to continue to maintain and prune the magnificent formal garden, a jewel in the crown of a 1080-hectare park, and cut flowers to decorate the vases in the different rooms of the château, thus preserving the feeling of an inhabited château. Count Oliviert de Rohan-Chabot is the current president of the Foundation for the Safeguarding of French Art founded by the Marquise, which ensures that the message to the future generations wanted by the Marquise will live on.

Preceded by guides with a perfect command of the period and every detail of the château, visitors discover the marquise’s office, her books and magazines, and even her fountain pen and paper... Is the ink dry?

Signed Harcourt, the frames displaying the photos of her husband, her brother Gilbert and her daughter Claire Clémence, give the impression that she has just left the room, and that we are going to meet her again, so much the atmosphere is captivating and the stories of the guides are strikingly precise. The experience continues in the boudoir and its back door, where the story of the man who built the castle, Joseph Marie Terray, ends on a bawdy note with a drawing telling the secrets.

Then follow the discoveries with the billiard table in fine marquetry, whose balls and cues in precious wood seem to stop in the middle of the game. Then there is the large lounge where the game tables, stage fright, draughts and chess tables made by the best cabinetmakers are arranged in a studied composition.

Our guides are finally the directors of a show that is given to us with so much truth that we take part in it. A form of escape game in the Age of Enlightenment! One of them, Emmanuel, will even be able, through a skilful game, to lead the children in very attractive quizzes.

In the library, the magazines of the time, negligently opened, are on first-name terms with magnificent works from the library set up by Count Gérard de Rohan-Chabot, father of the Marchioness. Finally, surprise in the dining room: the table is set and seems to be waiting for the visitors! This is an opportunity to admire the magnificent Chinese porcelain and to learn how food and drinks were served in the 18th century. No glasses at the table: each guest was served on request in those kept cool in the cooler. And to discover the small egg cups for tasting quail eggs, as well as an astonishing two-handled mug called “trembleuse”, reserved for those who, in old age, were exposed to small incidents. A recent exhibition on the art of the table in the 18th century also featured the meals of this period. Then we will go to the kitchens and bedrooms, especially the marquise’s, where the breakfast bedside table is waiting indefinitely to be cleared. However, it should be noted that the furniture, if it is 18th century, is not the original, as the French Revolution destroyed or dispersed the contents of almost all the castles in France. It was Count Gérard de Rohan Chabot, father of the Marquise de Maillé, who ordered the major renovation work and refurbished the building with period furniture, some of it signed, when he took over the château at the beginning of the 20th century.

Finally, the library is incredibly rich and diverse. Ancient books with paintings and gilding by hand, encyclopaedias, manuscripts and registers... Many autographs reveal the family’s friendships: Anatole France, Paul Deschanel, General de Lattre de Tassigny and Charles Maurras - who had his flats in the castle.

In this sumptuous setting one has the troubling feeling of living a rare moment, the staging of perfect realism and the fascinating stories participating in suspending time and making sure that we do not see this temporal parenthesis pass into the 18th century. Fortunately, a stroll through the park and its gardens allows, time permitting, to prolong the magic of the moment. The “Tilletum”, one of the most beautiful botanical collections of lime trees, awaits us there, with no less than 77 different species. The organic vegetable garden has also survived the Marquise and, as the castle is no longer inhabited, is now the focus of attention of the local population who flock to the weekly fruit and vegetable sale. If you have time, you can take advantage of the visit of La Motte Tilly to also visit the Camille Claudel museum, the only one in the world, in Nogent Sur Seine; the land of French sculpture, the residences and workshops of Marius Ramus, Paul Dubois, Auguste Rodin or Alfred Boucher.

FATHER JOSEPH MARIE TERRAY, LORD OF LA MOTTE TILLY: FROM THE AGE OF ENLIGHTENMENT TO THE DARKNESS OF THE TOMB

Joseph Marie Terray was Minister to King Louis XV and Controller General of Finance. Look at this portrait signed Alexander Roslin: the figure proudly wears the Cross of the Holy Spirit, the noblest of the orders of chivalry, created by Henry III and whose direction is reserved for the king. He was its clerk. His costume is reminiscent of that of a clergyman, which he is not actually, being an abbot «sponsor», i.e. in charge of managing the rich abbeys and other church assets. He is holding in his hand a note from the king. Behind him is the file entrusting him with his office. The painting is perfect and the character is imposing.

He was, however, one of the most hated men of his time, both in substance because of his reforms and in form because he was obnoxious.

The coffers of the kingdom were quite empty after the reign of the Sun King and because of the expensive lifestyle at Versailles. Joseph Marie quickly won the king’s favour by introducing new taxes, which spared no one on the social ladder. The poor, so as not to change the system, but also the rich bourgeois, the nobility, the clergy, and even the military! The money had to be taken where it was and so much the worse for the general detestation it generated. The system he imagined and developed is undoubtedly the basis of the current income tax and wealth tax, but also of the pension reform. What a topicality! He had the castle built in 1754.

This summer holiday was intended to provide an escape from the court, to take a break from the hustle and bustle of the summer and to enjoy the pleasures of life. For Joseph Marie, who only had an abbot by name, was a lover of beautiful women, whom he invited here after meeting them in Versailles. These relations enabled him to carry out investigations and enquiries. Devil: the abbot had a “Bureau of Legends” side! The taxes he set up made him hated by everyone, and he did it without a care in the world. He declared that the honour of serving and fighting should be enough for the soldiers to whom he took away many advantages. The king, to whom he asked how he found the sumptuous wedding organised for the Dauphin, replied, «Quite simply priceless! ». And in fact, no one was paid. Widespread hatred made him a public enemy, and when the king, not very grateful to have filled the coffers, dismissed him, the crowd chased him, burning his effigy. He fled to his castle by the Seine, and owed his salvation only to a purse of gold shields thrown from the boat onto the bank. When he died he asked to have as his last resting place a tomb signed Félix Lecomte, a listed monument in the small church of the village of La Motte Tilly; and if he had escaped the guillotine, the revolutionaries took him out of his tomb and scattered his remains in the streets of the village. From the Age of Enlightenment to the darkness of the tomb, this is how this story ends.

Jean-Marie Hubert

CHÂTEAU DE LA MOTTE TILLY                          MUSÉE CAMILLE CLAUDEL

D 951                                                                      10 rue Gustave Flaubert

10400 - La Motte Tilly                                         10400 - Nogent

http://www.chateau-la-motte-tilly.fr/                http://www.museecamilleclaudel.fr/

Plein tarif / Full price: 8€ par personne            Plein tarif / Full price:: 7€ par personne

Ouvert tous les jours du mardi au dimanche. Visites guidées toutes les heures.

Open every day from Tuesday to Sunday. Guided tours every hour.

JOSEPH-MARIE TERRAY (1715-1778)

JOSEPH-MARIE TERRAY (1715-1778)

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