Pour les Maires de France, confrontés à la crise économique et sociale résultant inévitablement de la pandémie du Covid 19, le dialogue avec l'Etat a pris des allures de monologue à sens unique.
Visioconférence de presse de l'AMF 77
Au cours de la visioconférence de l'Association des Maires de France du 77, à laquelle participaient plusieurs organes de la presse locale, Guy Geoffroy, son président, lançait un cri d'alarme en direction de l'Etat.
Tout en reconnaisant le travail accompli par le binôme Maire / Préfet, force est de constater pour Guy Geoffroy que ce représentant de l'Etat, malgré sa bonne volonté ne peut travailler que dans le cadre qui lui a été fixé.
Des charges non prévues sur les budgets communaux et intercommunaux
Les différentes mesures prises par les Mairies, pour faire face à la pandémie ont un coût. Ce coût, loin d'être neutre, vient s'ajouter à la baisse cumulée de la DGF (Dotation Globale de Financement) sur les 5 dernières années, ainsi que la baisse et la disparition à terme, de la taxe d'habitation, autrement-dit les ressources communales.
Les capacités d'autofinancement des communes qui accusaient une baisse moyenne 8% de leurs budgets de fonctionnements, sont estimés s'aggraver à hauteur de 20%, pour l'exercice 2021.
Ces chiffres ont et auront un impact de plus en plus pénalisant pour les budgets d'investissements, dans lesquels les capacités d'autifinancement sont réparties.
Pour pallier ce manque de moyens à l'investissement, Guy Geoffroy pense avoir recours à l'emprunt. Mais comme le lui a fait remarquer un participant : "Si une majorité des 35 000 communes de France, décide d'avoir recours à ce moyen pour équilibrer l'investissement, les établissements bancaires seront-ils en mesure de satisfaire une telle demande, voire la Caisse des Dépôts et Consignations ?"
Guy Geoffroy rappelait que les communes et les intercommunalités, représentaient 70% des demandes de travaux publics, pour l'entretien de bâtiments, d'aménagements divers, de maintenance des différents réseaux et canalisations, ainsi que des stations d'épuration, entre autres.
Soutien financier de l'Etat en ordre de décroissance
Le soutien financier de l'Etat, pour aider les Maires à faire face aux charges sanitaires, était d'abord annoncé à hauteur de 7 milliards d'Euros. Il a ensuite été révisé à une première baisse, soit 3 milliards pour finalement en subir une dernière qui se chiffre à 240 millions d'Euros.
Pour Guy Geoffroy, les décisions de l'Etat sont trop centralisées et ne tiennent pas compte des remontées du terrain, c'est-à-dire des communes et des intercommunalités.
Cri d'alarme des Maires de France
La taille, ainsi que la démographie du Département de Seine-et-Marne, permettent à Guy Geoffroy, d'avancer ses données comme suffisamment représentatives de la moyenne nationale.
En conséquence il lance le cri d'alarme suivant : "Nous souhaitons que l'Etat qui dépense beaucoup de milliards, n'oublie pas que les communes et les intercommunalités, puissent maintenir leurs capacités d'autofinancement."
Pour atteindre cet objectif, il suggère une nouvelle étape de décentralisation et surtout, plus de moyens d'action pour le binôme Maire / Préfet.
Une dernière crainte et non des moindres
La remise en cause des projets communaux et intercommunaux, en raison des budgets revus à la baisse, laisse entrevoir une menace pour le jeu démocratique qui risquera d'être faussé dans ses règles.