Sophie Szopa, chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE – CEA / CNRS / Université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines) à Saclay, animait la conférence débat "L'Odyssée du climat", proposée par l'association PHASE citoyenne du Montois, vendredi 1er avril 2022, dans la salle du Conseil de la Mairie de Doinnemarie-Dontilly.
Sophie Szopa
Chimiste de formation, Sophie Szopa étudie les interactions dans l’atmosphère entre chimie, climat et pollution en s’appuyant sur des modèles numériques. Depuis quelques années, elle s’est tournée vers le passé très lointain de notre atmosphère pour en retracer l’évolution.
« Les composés chimiques produits par les activités humaines ou la végétation réagissent chimiquement entre eux dans l’atmosphère, explique Sophie Szopa, chercheuse au sein du Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement. Cette chimie, qui tire son énergie du rayonnement solaire, est très importante car elle détruit certains gaz à effets de serre, comme le méthane, ou conduit à la formation de polluants, comme l’ozone. » La chercheuse l’étudie à l’aide de modèles numériques climatiques afin de connaître son évolution passée et future.
https://www.universite-paris-saclay.fr/actualites/sophie-szopa-quelle-qualite-de-lair-il-y-des-millions-dannees
Le deuxième volet du sixième rapport d’évaluation du Giec a été publié le 28 février 2022. Le premier volet, en date d'août 2021, concluait que le changement climatique était plus rapide que prévu. Ces derniers travaux s’intéressent aux effets, aux vulnérabilités et aux capacités d’adaptation à la crise climatique.
Le deuxième volet du rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a été rédigé par 270 scientifiques de 67 pays. Sa synthèse a été validée par les 195 pays membres du Giec.
Des effets irrémédiables
La première partie du rapport est consacrée aux effets actuels du réchauffement climatique (+1,09°C en 2021) sur les populations et les écosystèmes :
réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture (en Afrique, en Asie et dans les petites îles notamment) ;
impact sur la santé dans toutes les régions du monde (plus grande mortalité, émergence de nouvelles maladies, développement du choléra), augmentation du stress thermique, dégradation de la qualité de l’air... ;
baisse de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales.
Ces effets sont irrémédiables, même dans l'hypothèse d'une limitation de la hausse des température à 1,5°C comme fixé dans l'accord de Paris. Ils sont par ailleurs aggravés par la pauvreté ou l’accès limité à des services.
D’ores et déjà, entre 3,3 et 3,6 milliards d’habitants vivent dans des situations très vulnérables au changement climatique.
Les experts évoquent les incidences à venir pour les populations avec, en particulier, 1 milliard d'habitants des régions côtières menacés en 2050.
Parmi les effets en cascade liés aux catastrophes naturelles de plus en plus rapprochées, le Giec évoque aussi les conséquences sur la production alimentaire, la hausse du prix des aliments ou encore la malnutrition…
https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/
https://www.vie-publique.fr/en-bref/284117-rapport-2022-du-giec-nouvelle-alerte-face-au-rechauffement-du-climat
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) conclut, dans son rapport publié le 9 août 2021, que le climat est en train de changer partout dans le monde et plus rapidement que prévu. Même en limitant le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles devraient se multiplier.
Des conséquences extrêmes et irréversibles pour la planète
Selon le rapport, la température de la planète devrait augmenter de 1,5°C dès 2030, soit dix ans plus tôt que la précédente prévision du Giec. Le Giec étudie cinq scénarios et le plus pessimiste prévoit un réchauffement compris entre 3,3 et 5,7°C.
Cette hypothèse n’est pas à négliger car de nombreux États n'ont pas revu leurs engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L'objectif de l’accord de Paris de 2015 était de limiter le réchauffement climatique en dessous de 2°C. Or la tendance actuelle est plutôt celle d'un réchauffement de 4°C ou 5°C. Par ailleurs, les experts ont démontré que la canicule approchant les 50°C qu'a subie le Canada en juin 2021 n’aurait pas été possible sans le changement climatique. Celui-ci multiplie par 150 le risque de survenue d'une canicule.
Le réchauffement climatique est désormais d’actualité, avec des conséquences "irréversibles pour des siècles ou des millénaires", alerte le Giec. Le niveau des océans s'est élevé de 20 cm depuis un siècle, et le rythme de cette hausse s’est accéléré durant la dernière décennie avec la fonte des calottes glaciaires. D'après les prévisions, la mer pourrait gagner un mètre d’ici 2100 et deux mètres d’ici 2300, mais l’incertitude concernant les calottes laisse possible l’hypothèse d’une augmentation de deux mètres dès 2100.
La responsabilité humaine dans le réchauffement climatique
Dans son rapport, le Giec démontre que l’activité humaine est responsable "sans équivoque" du réchauffement climatique, qui provoque "des changements rapides dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère". Les précédents rapports qualifiaient la responsabilité humaine d’"extrêmement probable".
La concentration de gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphère depuis 2011 est en moyenne de 410 parties par million (ppm), un niveau jamais atteint depuis deux millions d’années. Le CO2 est le principal agent des gaz à effet de serre, qui sont à l’origine du réchauffement climatique. Les émissions de CO2 sont, elles, largement dues aux énergies fossiles.
Toute la planète chauffe et certaines régions plus que d’autres. Selon les experts, la fonte des calottes glaciaires constitue un "point de rupture". Elle aura des conséquences dévastatrices, radicales et même irréversibles pour la planète et l’humanité.
L’Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques. C’est l’âge des humains ! Celui d’un désordre planétaire inédit.
Par Francois Gemenne et Marine Denis
L’histoire de la Terre et celle de l’espèce humaine ont aujourd’hui convergé. Cette collision de deux Histoires marque une rupture dans la relation qui unit les hommes à la Terre. Pour la première fois, ce sont en effet ses habitants qui sont devenus les principaux moteurs des changements qui l’affectent.
Les désordres générés par les effets de l’activité humaine ont des conséquences multiples : climat, sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique… Ils contraignent les relations internationales à inventer et mettre en œuvre de nouvelles politiques globales.
Une nouvelle époque géologique
Quand le naturaliste et mathématicien Buffon (1707-1788) écrivait dans « Les Époques de la nature » en 1778 que « La face entière de la Terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme », sans doute ne pouvait-il imaginer que, trois siècles plus tard, les géologues allaient décider de formaliser ce constat sous la forme de la définition d’une nouvelle époque géologique.
En 2000, le biologiste américain Eugene F. Stoermer, le chimiste et Prix Nobel de chimie néerlandais Paul Josef Crutzen évoque pour la première fois le terme d’« Anthropocène ». Cette nouvelle phase géologique dont la révolution industrielle du XIXe siècle serait le déclencheur principal, est marquée par la capacité de l’homme à transformer l’ensemble du système terrestre.
"Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent."
Le fracas qu’a provoqué dans la communauté scientifique cette annonce, encore discutée et critiquée par la Commission internationale de stratigraphie (International Commission on Stratigraphy, ICS), marque un profond changement dans le positionnement de l’homme face à son environnement naturel.
Si le climat a toujours été un facteur d’influence majeur dans le développement des grands mouvements économiques ou sociaux, l’ère de l’Anthropocène met au défi l’espèce humaine et ses capacités d’anticipation, de contrôle et de résilience sur les écosystèmes existants.
Pour la première fois, l’histoire de la Terre entre en collision avec celle des hommes et des femmes qui l’habitent, redessinant ainsi les contours d’une nouvelle géopolitique : une politique de la Terre, qui reste à inventer.
Car le désordre engendré par les effets de l’activité humaine sur le climat ne porte pas que sur la Terre. Il porte aussi sur le monde et diverses facettes de l’activité humaine : sécurité alimentaire, accès aux ressources vitales, migrations forcées et soudaines, précarité énergétique. L’avènement de l’Anthropocène, en quelque sorte, sonne le glas d’une vision binaire de l’homme séparé de son environnement, de la dichotomie entre la Terre et le monde.
Si des efforts ont été réalisés pour réduire les émissions de CO2, les auteurs du rapport dénoncent une inadéquation des moyens mis en œuvre face à la rapidité des changements, signe d’un "manque de volonté politique" avec, pour exemple, le non-respect des engagements de Glasgow 2021 lors de la COP 26 en matière de doublement des budgets pour lutter contre le réchauffement.
Un développement résilient au changement climatique est cependant encore possible en consacrant des efforts financiers plus importants dans certains secteurs clés :
la transition énergétique pour réduire les émissions de CO2 ;
une meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation mais aussi une meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques via l’agroécologie ;
la préservation du milieu naturel (restauration des forêts et des écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes...).
Tandis que certaines zones du monde sont déjà dans des situations critiques, le Giec met en garde contre des solutions de court terme inadaptées (mise en place de digues sur le littoral...).
Au rythme de développement actuel, le réchauffement climatique pourrait atteindre 2,7°C à la fin du siècle.
L'État devra réparer les conséquences de ses manquements dans la lutte contre le changement climatique. Le dépassement du plafond des émissions de gaz à effet de serre en 2015-2018 devra ainsi être compensé d'ici le 31 décembre 2022. C'est ce que demande le tribunal administratif de Paris dans son jugement du 14 octobre 2021.
En mars 2019, quatre associations (Oxfam France, Notre Affaire à Tous, Fondation pour la Nature et l'Homme, Greenpeace France) avaient saisi le tribunal administratif de Paris pour non-respect des engagements de la France dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Dans son jugement du 3 février 2021, le juge avait déjà décidé que l’État devait réparer le préjudice écologique causé par le non-respect des objectifs 2015-2018 fixés dans la stratégie nationale bas-carbone. Un supplément d’instruction avait toutefois été ordonné avant de déterminer les modalités de réparation.
Le 14 octobre 2021, le jugement du tribunal administratif de Paris sur la question du préjudice écologique donne raison aux défenseurs de l'environnement de "l'Affaire du siècle" : l'État doit réparer le préjudice, au plus tard, le 31 décembre 2022.
Un préjudice de 15 millions de tonnes de CO2
Le juge administratif constate que la France a dépassé le plafond d’émissions de gaz à effet de serre de 62 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (CO2) entre 2015 et 2018. Pour mémoire, les budgets carbone fixent des objectifs à court-moyen terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050, date prévue pour atteindre la neutralité carbone.
Le tribunal estime que ce dépassement illégal cause un préjudice de 15 millions de tonnes de CO2 en trop dans l'atmosphère. Le jugement souligne à cet égard que l'évaluation du dommage est faite à la date du jugement. Elle prend donc en compte "la réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre en 2020" bien qu'elle soit due à la pandémie de Covid-19 et non pas à une action spécifique de l'État.
Compenser ce dépassement d'ici fin 2022
Le tribunal administratif ordonne ainsi au gouvernement de prendre toutes les mesures sectorielles utiles pour réparer le préjudice. Il considère néanmoins que le choix des dispositions relève de "la libre appréciation du gouvernement" à laquelle il ne lui appartient pas de se substituer.
L'État a donc jusqu'au 31 décembre 2022 au plus tard pour compenser cette pollution supplémentaire en CO2.
Le GIEC est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Créé en 1988 par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM), il rassemble 195 États membres.
Lieu d’expertise synthétisant l’état des connaissances sur le changement climatique et le rôle de l’activité humaine, le GIEC publie des rapports scientifiques sur lesquels s’appuient les États pour trouver des accords dans la lutte contre le réchauffement.
Le bureau du GIEC rassemble ainsi les scientifiques de diverses nationalités et diverses disciplines. Le GIEC est par ailleurs composé de trois groupes de travail (aspects scientifiques du changement climatique ; impact et vulnérabilité des systèmes socio-économiques et naturels ; solutions envisageables) et d’une équipe spéciale pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
Depuis sa création, il a publié cinq rapports d’évaluation (1990, 1995-1996, 2001, 2007, 2013-2014), montrant l’intensification de l’effet de serre du fait de l’activité humaine, et des rapports consacrés à des thèmes spécifiques. Le cinquième rapport, synthétisant 9 200 études, a notamment montré que toute augmentation des températures au-delà de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels aggraverait les impacts sur l’environnement.
La question du rapport au politique est fréquemment soulevée. Le fait que les résumés des rapports doivent être approuvés par les représentants des gouvernements montre l’imbrication avec la sphère politique. Par ailleurs, le GIEC a parfois été accusé de dramatiser la situation. Après l’échec de la Conférence de Copenhague en 2009 éclate un climategate, les climatosceptiques accusant plusieurs experts du GIEC de fraude scientifique.
Or, le mandat du GIEC consiste à fournir une expertise aidant la prise de décision politique et servant de base aux négociations multilatérales, mais il n’est pas directement prescripteur ni ne prend part aux négociations autrement qu’au titre d’observateur. Aussi n’empiète-t-il pas sur les décisions souveraines des États.
On dit de ces rapports qu’ils sont "policy relevant, but not policy prescriptive" ("politiquement pertinents, mais non prescriptifs"). Pour autant, ils ont un impact considérable, les décideurs politiques tentant d’agir en conformité avec le diagnostic scientifique. Ainsi, le rapport de 1990 a suscité une prise de conscience annonçant la Conférence de Rio, celui de 1995-1996 a préparé le Protocole de Kyoto, etc.
En 2007, le GIEC reçoit le prix Nobel de la paix conjointement avec l’ancien vice-président américain Al Gore.
Comme suite à la signature de la Convention-Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1992, entrée en vigueur en 1994, les États signataires, appelés États parties, se réunissent annuellement – depuis 1995 – lors des COP ou Conférences des Parties (Conferences of the Parties).
Organisée successivement sur chaque continent, la Conférence des Parties est l’organe suprême de la Convention. Ce rassemblement mondial vise à renforcer les engagements pris et à évaluer le degré d’application de ce cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique.
Ces sommets sont préparés par des réunions en amont. Puis les COP elles-mêmes sont le lieu de négociations politiques mais également d’événements parallèles ou side events, de colloques ou d’expositions, destinés à sensibiliser le public. Outre les 197 parties ayant ratifié la Convention (196 États et l’Union européenne), participent des représentants de collectivités territoriales, ainsi que des acteurs non étatiques issus de la société civile ou de la communauté scientifique.
Ces conférences peuvent aboutir à des objectifs communs ou individuels. Lors de la COP3, en 1997, a été signé le Protocole de Kyoto. Depuis son entrée en vigueur en 2005, les COP sont couplées à la Conférence annuelle des Parties au Protocole de Kyoto. En 2009, la COP15 à Copenhague est très médiatisée, soutenue par une forte mobilisation de la société civile et nourrie par l’espoir d’un nouvel intérêt américain pour ces questions comme suite à l’élection de Barack Obama. Or elle n’a pas permis de parvenir à un accord contraignant, butant notamment sur le refus des États d’accueillir des experts étrangers dans des mécanismes de vérification de l’application de l’accord. La COP21 de 2015 a quant à elle donné naissance à l’accord de Paris, engageant 195 États à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. L’accord prévoit de contenir le réchauffement climatique nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, d’ici 2100. Par la suite, Donald Trump, président d’un des pays les plus pollueurs au monde, a retiré les États-Unis de l’accord.
COP, sommets de la Terre, CCNUCC... Alors que la COP 26 de Glasgow (Écosse) se termine le 12 novembre 2021, le point en six questions sur les conférences internationales concernant le climat.
Avec le sommet de la Terre à Rio en 1992, les dirigeants politiques ont initié une politique de “partenariat mondial” de lutte contre le réchauffement de la planète. Le protocole de Kyoto de 1997 est l’illustration de cette tendance orientée autour d’une stratégie de réduction des gaz à effet de serre (GES).
Six ans avant le déroulement de la COP 26 de Glasgow en novembre 2021, l’Accord de Paris, conclu à la COP 21 de décembre 2015 et ratifié par 191 pays, prenait acte du fait qu’en dépit de tous les efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre réalisés, une part du changement climatique était jugée inévitable.
Qu'est-ce que la Conférence des Parties (COP) ?
La Conférence des Parties (COP) a été instituée lors de l’adoption de la Convention Cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) au sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992.
Elle est l’organe suprême de la convention et se réunit chaque année depuis 1995. Elle rassemble les représentants des États qui ont signé la CCNUCC, ainsi que les acteurs de la société civile que sont les organisations non gouvernementales (ONG), les collectivités territoriales, les syndicats, les entreprises, etc.
La COP a pour objectif de faire évoluer la CCNUCC en faisant le point sur l’application des engagements pris en faveur du climat, en les précisant, et en négociant de nouveaux engagements.
Le Protocole de Kyoto est signé en 1997 lors de la COP3, comme protocole additionnel – et première application contraignante – à la Convention sur le climat de 1992. Il entre en vigueur en 2005, suite à sa ratification par la Russie.
Il prévoit des engagements différenciés selon les pays, sur le principe d’une responsabilité historique distincte entre pays industrialisés et pays en développement. Il comprend des engagements contraignants pour 38 pays industrialisés, avec un objectif de réduction moyenne de 5,2 % entre 2008 et 2012, par rapport aux émissions de 1990. En revanche, les pays en développement comme le Brésil, la Chine ou l’Inde, sont parties au protocole mais ne sont pas soumis à la réduction d’émissions.
Concrètement, le protocole met en place trois mécanismes flexibles : un marché de permis d’émission, un mécanisme de mise en œuvre conjointe et un mécanisme de développement propre, à destination des pays en développement, permettant des crédits d’émission sur la base de projets d’investissement. Ces mesures sont subsidiaires : elles sont conçues pour venir compléter des dispositifs nationaux pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Expirant fin 2012, ses objectifs semblent globalement avoir été atteints. Toutefois, comme suite aux défections de pays industrialisés (les États-Unis ont signé le protocole mais le Sénat ne l’a pas ratifié, et le Canada s’en est retiré en 2011) et à l’essor de pays comme la Chine et l’Inde, les 38 pays développés ne représentaient plus en 2010 que 36 % des émissions mondiales. Il apparaît dès lors qu’une réduction des émissions par ces pays ne peut être suffisante, sans un engagement concomitant des pays en développement.
En 2012, la COP18 de Doha a permis de prolonger le protocole, soutenant l’objectif pour 37 pays industrialisés de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 18 % (toujours par rapport à 1990), entre 2013 et 2020. Toutefois, des pays comme le Canada, la Russie ou le Japon se sont désengagés. De plus, les mesures contraignantes ne concernent toujours pas les pays émergents, même lorsque ceux-ci atteignent un niveau de développement ayant pour conséquence une contribution importante aux émissions de gaz à effet de serre. À la suite de l’échec de la COP15 de Copenhague, l’accord de Paris de 2015, à vocation universelle, se présente comme le nouveau cadre mondial d’action contre les changements climatiques.
La diplomatie climatique désigne l’ensemble des activités consacrées à la conduite des négociations dans le domaine climatique. Sur un sujet devenu une préoccupation mondiale et intéressant un nombre croissant d’acteurs, les résultats escomptés sont multiples : fixation d’objectifs communs à partir de constats scientifiques, établissement de normes de comportement, partage d’informations, création d’organismes pérennes dédiés aux questions climatiques...
Récente, la diplomatie climatique est concomitante à la perception du changement climatique comme un problème à inscrire à l’agenda mondial. Elle contribue dès lors à la mise en place d’un régime climatique, via un ensemble d’institutions et d’arènes de discussion consacrées à ce sujet. Elle s’exerce dans différentes enceintes et à différents niveaux. Son cadre privilégié est celui de la gouvernance multilatérale comme les Conférences des Parties (COP) ou les Sommets de la Terre, ainsi que les phases préparatoires de ces rencontres. Par ailleurs, les décisions prises reposent largement sur le consensus, prônant l’inclusivité face à des enjeux globaux.
La diplomatie climatique contribue à une nouvelle approche de la diplomatie classique, qui n’est plus menée par les seuls diplomates accrédités par les États et dépasse les questions de guerre et de paix. En effet, la coopération internationale concerne désormais des enjeux nouveaux et intègre un nombre croissant d’acteurs interdépendants. Si la diplomatie climatique reste dominée par les États, qui sont in fine les principaux signataires des accords conclus, ils sont désormais accompagnés, alertés voire contraints, par d’autres acteurs. D’une part, on trouve les organisations régionales ou internationales. D’autre part, des acteurs non étatiques comme des entreprises et des ONG, particulièrement présents à partir du Sommet de Johannesburg en 2002. Ces acteurs ont souvent un statut actif d’observateurs et un rôle particulièrement important dans la mise sur agenda des problématiques climatiques ou dans la vigilance sur la mise en œuvre des objectifs communs.