CAPTAGE ET STOCKAGE DU CO2 - UNE SOLUTION POUR L'AVENIR ?

Capter le CO2 de l'atmosphère pour le stocker dans les profondeurs du sous-sol. Tel est le projet soutenu par le BRGM (Brureau de Recherche Géologique et Minière), pour un objectif de lutte contre le réchauffement climatique à l'horizon 2030.

PILOT STRATEGY 

Accélérer le stockage du co2 pour un futur durable

L'équipe France du projet de recherche pilotSTRATEGY 2021-2026, invitait les habitants de la Communauté de communes de la Brie-Nangissienne, à une rencontre "Portes ouvertes" d'échanges, sur le thème du stockage de CO2 dans leur région stratégique, vendredi 13 mai 2022, salle des Râteliers, cour Emile Zola à Nangis.

Discours d’ouverture de M. Yannick Guillo-- Président de la Communauté de Communes de la Brie Nangissienne (CCBN) des "Portes ouvertes" avec l'équipe de chercheurs du projet européen PilotSTRATEGY 

« Il est intéressant d’accueillir dans le cadre d'un projet de recherche européen, une opération innovante sur notre territoire et l’existence d’une zone pilote d'études qui permet de le mettre en valeur. D’autant plus que la CCBN, comme toutes les communautés de communes de France, est engagée dans un certain nombre de démarches, notamment avec le Plan climat-air-énergie territorial (PCAET), qui nous forcent à réfléchir sur l’évolution de la situation, pour préparer le futur face aux menaces du dérèglement climatique.

S’il existe la possibilité de réaliser ce projet d’actualité, il serait bien qu’il soit mis en valeur sur ce territoire, où il existe un certain nombre d’industriels qui sont émetteurs de CO2. Toutefois, nos administrés se posent des questions. Nous sommes interpelés par mail à la CCBN, et moi-même en tant que Maire, par des questions à ce propos. Lorsqu’on ne connait pas le sujet, cela peut susciter de la peur, on doit donc savoir de quoi il s’agit et comment cela sera fait. Plus nous serons éclairés, nous, en tant qu’élus, plus nous serons en mesure de répondre aux questions.

Si je comprends bien, nous sommes en phase d’étude, le diagnostic sera fait à la fin du projet en avril 2026. Ce n’est pas une solution « clés en main » qui est apportée au territoire, mais notre territoire participe à l'élaboration d'une solution. Je connais partiellement la méthodologie, avec la phase prochaine d'acquisition de données géophysiques sur les communes de la zone étudiée. Nous sommes réunis pour une présentation en détail et je suis là pour vous écouter et pour m’assurer d'avoir bien compris l'approche et je vous en remercie. »

PRESENTATIONS

L’acquisition de données sismiques est présentée dans le cadre de PilotSTRATEGY, projet de recherche européen sur le stockage géologique de CO2. Il est rappelé que le récent rapport (4 avril 2022) du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIECC) cite le stockage géologique de CO2 parmi les options envisageables pour réduire les émissions de CO2 dans l'air, lesquelles contribuent à l'effet de serre et au réchauffement climatique.

https://www.cea.fr/multimedia/Pages/videos/culture-scientifique/climat-environnement/webdoc-climat/qu-est-ce-que-l-effet-de-serre.aspx

QUESTIONS/REPONSES

• Quel est le rapport 1m3 /cavité et qu’est-ce que ça représente en taille et en volume?

Réponse: 1000 m 3 de CO2 en surface à température ambiante, présents à l’état gazeux, sont équivalents à 3.2 m3 à 1000m de profondeur à l’état supercritique, sous l’effet de l’augmentation de la température et de la pression (gradient thermal et de pression) avec la profondeur. Le CO2 supercritique est dense comme un liquide et visqueux comme un gaz. Les molécules de CO2 occupent ainsi moins de place dans les roches du sous-sol.

Est-ce qu’on injecte le CO2 à l’état gazeux ?

Le CO2 est à l’état supercritique dans un aquifère salin situé à plus de 800 m de profondeur. Une fois dans ce réservoir, le CO2 supercritique va commencer à se dissoudre (état gaz dissous) au contact de l’eau salée - la saumure – de l’aquifère. La dissolution du gaz dans la saumure favorise des mouvements de convection, la saumure enrichie en CO2 devenant plus dense. L’évolution de la composition de la saumure initiale dans l’aquifère peut impliquer des interactions eaux-roches selon la nature minéralogique de la roche réservoir. À l’échelle des centaines d’années, le CO2 injecté peut notamment précipiter (état solide) sous la forme de nouveaux minéraux, comme la calcite, minéral majeur des calcaires du Dogger.

• Sécurité des drains de poterie: Peut-on accéder aux images prises lors des tests mise en sécurité?

Oui.

• Le captage du CO2 ne serait pas du « Gaz de schiste » à l’envers ?

Non, ce sont deux technologies complètement différentes. On ne veut surtout pas endommager le réservoir ou la roche couverture. Un seuil de sécurité assez élevé permet de contrôler le débit pour ne pas augmenter beaucoup la pression.

• Actuellement, la zone ciblée est-elle gorgée d’eau ?

Tout le sous-sol est gorgé d’eau. La zone cible est gorgée d’eau non potable car salée (localement 23 g/l dans l'aquifère du Dogger) - “la saumure”. Le CO2 supercritique injecté va pousser la saumure. Il est nécessaire de s’assurer au préalable que la saumure puisse être déplacée dans la roche (connexion des pores), tout en limitant l’évolution de la pression (capacité de dispersion de la pression dans l’aquifère). 

• A quelle température ?

À 1400 m de profondeur la température est de 70° environ.

• Comment garder le CO2 injecté afin qu’il ne se mélange pas avec l’eau du sous-sol ?

Le CO2 est injecté dans une formation géologique qui est recouverte d’une roche dite roche couverture dont les propriétés physiques permettent d’empêcher le CO2 de la traverser et d’atteindre les aquifères d’eau potable sus-jacentes.

Question sur les failles géologiques. Comment on gère cet aspect ?

En effet, on fait tout pour s’éloigner des zones de failles, d’où l’importance d’avoir une bonne image du sous-sol, de faire l’acquisition des données sismiques et de ne pas avoir de zones blanches.

• Est-ce qu’il peut y avoir des artefacts dans le sous-sol ?

Oui, par exemple l’écho, mais on prévoit des traitements pour pallier cela.

• Quelle est la vitesse d’injection ? 

Le débit d’injection dépend du site de stockage. Il est limité, afin que la surpression induite dans la zone d’injection ne dépasse pas une valeur seuil de sécurité pour conserver l’intégrité du site de stockage.

• Qu’est-ce qu’il existe en dehors de l’Europe en termes de stockages de CO2?

Exemples de sites pilotes en Europe : Ketzin Allemagne.

Prenons un délai et un time-line possibles (hypothétiques) pour construire un site de stockage => à horizon 2030. Il faut des autorisations et des phases préliminaires, comme par exemple forer un puits d’appréciation et faire un test d’injection. Il n’aura pas de site de stockage pilote avant 2028- 2030. Suivant ce scénario, on remarque une taille de la zone d’injection assez réduite par rapport à la zone étudiée.

• Vous prévoyez un site pilot à 10kt mais Grandpuits ventile 300kt dans l’atmosphère par an.

Fernanda Veloso –coordinatrice du projet PilotSTRATEGY:

Sont nécessaires plusieurs étapes légales à suivre. Avant de prévoir d’installer un site commercial qui peut stocker les 300 kt de CO2 par an, les étapes préalables de « site pilote » et « test d’injection » sont obligatoires pour s’assurer de la capacité du site et s’assurer que le CO2 sera stocké de manière permanente et sans risque de fuite.

Information et implication citoyenne - Marc Poumadère – Projet PilotSTRATEGY

Dans un premier temps il s'agit d'informer les élus et les agriculteurs pour la campagne à court terme de mesures géophysiques. Mais le projet va durer encore 4 ans - jusqu'en avril 2026 - ce qui nous donne le temps d'organiser, avec les collectivités locales, des actions visant l'implication citoyenne, en lien avec une sensibilisation au dérèglement climatique. L’objectif est de développer une expertise citoyenne dans la perspective d'une installation de stockage géologique de CO2 - bien au-delà de la fin du présent projet sur 4 ans - à l'horizon 2030 et plus, afin que les acteurs locaux et la population puissent décider en connaissance de cause.

En plus des informations sur le projet et son avancement, des groupes de travail pourront être créés à la demande de la population locale. Par exemple, pour répondre aux préoccupations des agriculteurs pour les drains en poterie, des mesures par géo-radar ont été réalisées, ainsi que des tests de vibrations. Les résultats ont été présentés et discutés avec les agriculteurs.

Similairement, des actions conjointes peuvent s'envisager dans le cadre du PCAET et dans celui de projets pédagogiques avec les enseignants du territoire pendant toute la durée du projet. Les liens entre ce projet de recherche et le dérèglement climatique pourront être mieux précisés.

QUESTIONS FINALES

• Lors de l'injection, en plus de la gravité, comment la pression est-elle créée ? Par un compresseur.

• Si le projet de stockage géologique de CO2 se réalise (horizon 2030 et plus), quelles seraient les retombées économiques pour le territoire ?

A voir, et faire le parallèle éventuellement avec le stockage de gaz naturel. Par exemple, la création d’emplois pour le site de stockage et les sous-traitants. Si le stockage est adossé à un industriel, diminution de taxe carbone pour celui-ci.

• Dans CSCV, que signifie la valorisation du CO2 ?

La valorisation ne fait pas partie du projet en cours. Quelques exemples : alimenter les serres agricoles, fabriquer du bioéthanol, calcifier le CO2 pour la fabrication du béton. Néanmoins, seul la technologie de calcifier le béton peut être considéré comme ayant un impact sur la diminution des émissions de CO2. Une technologie d’utilisation doit stocker le CO2 de façon permanente pour être considérée bénéfique pour lutter contre le dérèglement climatique.

• Une réunion avec la Communauté de communes du Val Briard serait-elle envisageable ?

Oui, on va proposer une date, éventuellement en même temps que la visite à la base logistique S3, ou après.

• Le projet PilotSTRATEGY pourrait-il se prêter à des projets pédagogiques avec les enseignants sur le territoire ? 

Oui, c’est une chance pour les jeunes de pouvoir bénéficier d’une équipe de chercheurs qui pourra leur transmettre leur savoir sur la géologie, la technologie et le projet ; nous allons contacter l’Académie et nous mettre en relation avec les collèges et lycées.

Pour conclure, la coordinatrice du projet PilotSTRATEGY, Fernanada Veloso, BRGM, remercie les présents pour leur participation active à ces Portes Ouvertes et rappelle que le projet dure jusqu'en avril 2026 ce qui nous laisse le temps pour reprendre en détail et approfondir avec les élus et la population locale les enjeux se rapportant à ce projet dans le cadre de la lutte contre les dangers du changement climatique.

https://www.planete-energies.com/fr/medias/decryptages/le-captage-du-co2

https://pilotstrategy.eu/

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